L’Afrobaromètre, un organisme qui coordonne des enquêtes d'opinion dans 34 pays africains, a publié en fin de semaine dernière un grand sondage sur les inégalités hommes-femmes sur le continent. L'enquête montre que les Africains soutiennent les politiques menées pour faire avancer la cause des femmes. Mais les discriminations restent nombreuses.
Les femmes demeurent nettement désavantagées par rapport aux hommes dans leur vie quotidienne. Ce sont les principales conclusions de l’enquête Afrobaromètre. A l'origine de ces discriminations : l'inégalité scolaire particulièrement criante dans certains pays comme le Maroc, le Liberia ou le Bénin. Plus d'une Béninoise sur deux estime n'avoir jamais reçu d'éducation de base, alors que deux tiers des hommes y auraient eu accès.
De cette inégalité éducative découlent des discriminations économiques et professionnelles. Sur dix personnes interrogées, quatre déclarent que les femmes sont « souvent » ou « toujours » traitées de façon inéquitable par leurs employeurs.
Le poids des traditions
Au Maroc, ou Soudan ou en Sierra Leone, plus de la moitié des sondés affirment que les femmes sont aussi discriminées par la police et les tribunaux. Dans certains pays, le poids des traditions reste très grand. La majorité des Maliens ou des Nigériens considèrent que les femmes devraient être assujetties aux lois traditionnelles plutôt que de jouir d’une égalité des droits réelle.
Sur le plan politique, les démarches engagées en faveur des femmes semblent pourtant de mieux en mieux acceptées dans la plupart des pays. Parmi les pionniers, le Rwanda, l'Afrique du Sud ou le Sénégal, où les femmes sont bien représentées au Parlement. Le Togo également, où près de 90% des sondés se disent prêts à ce que des femmes occupent des responsabilités politiques.
A l'image des Togolais, Les Africains sont aussi de plus en plus nombreux à accepter l'idée d'avoir une femme à la tête de leur pays ou de leur gouvernement. Avec une différence notable : le Maghreb, où une personne sur deux estime que seuls les hommes peuvent exercer des responsabilités au plus haut niveau.
■ ZOOM : le Togo est en tête des pays prêts à voir les femmes occuper une position de leadership
Les héritières des fameuses « Nana Benz » du marché de Lomé doivent être fières : au Togo, 87% des personnes interrogées estiment que les femmes peuvent, tout comme les hommes, occuper des postes à responsabilité. Sur cette question, Les Togolais caracolent bien loin devant la moyenne des pays d'Afrique de l'Ouest qui est de 69%. « Les résultats sont d'autant plus intéressants, explique Ezéchiel Djallo, le responsable du volet togolais de l'enquête, qu'on ne sent pas au Togo de grandes différences de réponses entre hommes et femmes, ou entre milieu urbain et rural ».
Pour le sociologue Roger Kekeh, c'est le dynamisme des femmes togolaises dans le secteur du commerce qui explique cette image de leaders potentiels. Même si les inégalités hommes femmes restent importantes dans le pays. L’analyse est partagée par la militante féministe Honorine Honkou de l'ONG Femmes de Demain. « Au Togo, dit-elle, ce sont les femmes qui tiennent l'économie informelle et souvent, ce sont elles qui gagnent l'argent du quotidien. Mais trop souvent, déplore-t-elle, c'est quand même l'homme qui prend les décisions ».
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