C’est officiel, ça vient (presque) de tomber : la Chine est la première puissance économique du monde. Voilà ce que rapporte le site américain d’information financière MarketWatch, qui a mis le nez dans les dernières données du Fonds monétaire international, publiées en octobre dernier. Et en a ressorti ces chiffres : en 2014, le produit intérieur brut (PIB) chinois exprimé en parité de pouvoir d’achat (PPA, on va en reparler) devrait être de 17 632 milliards de dollars; tandis que celui des États-Unis ne serait «que» de 17 416 milliards. L’année précédente, ces derniers enregistraient encore une légère avance sur Pékin.
Selon MarketWatch, ce nouveau classement reflète aussi bien une tendance de long terme − le développement industriel de la Chine − qu’une récente modification du calcul du PIB chinois par l’institut statistique national. Cette réforme a conduit à intégrer davantage d’activités dans la richesse nationale, et ainsi à gonfler un peu plus celle-ci – un effet qu’a aussi expérimenté la France cette année. Voilà donc la Chine sur la première marche du podium. Et, à en croire les projections du FMI, c’est parti pour durer. Mais au juste, cette situation est-elle vraiment nouvelle ? Regardons le PIB en prix constants (c’est-à-dire corrigés des effets de l’inflation) : à ce compte-là, c’est dès 2011 que Pékin a doublé Washington en termes de richesse nationale.
MarketWatch considère cependant qu’il est plus sûr d’exprimer le PIB en parité de pouvoir d’achat. Et il y a de bonnes raisons de penser cela. En effet, comment trouver un référentiel commun pour exprimer la richesse de pays qui diffèrent, non seulement par leurs monnaies, mais aussi par leurs niveaux de vie ? Une solution est de tout convertir en une même devise, par exemple le dollar. Mais les résultats sont alors à la merci d’une modification des taux de change. Qui plus est, un dollar n’a pas forcément la même valeur d’usage selon le pays − concrètement, il permet d’acheter beaucoup plus de choses en Chine qu’aux États-Unis.
Le calcul en PPA est une réponse à ce problème. Il consiste à ne pas utiliser les taux de change officiel pour convertir les monnaies entre elles, mais à mesurer leur pouvoir d’achat par rapport à un «panier» de produits. Par exemple, si une bouteille d’eau coûte 4 dollars aux États-Unis et 2 yuans en Chine, le taux de change sous-jacent est de 1 yuan pour 2 dollars. Et c’est lui qui sera retenu pour exprimer le PIB chinois dans la devise américaine. En pratique, toutefois, les «paniers» retenus par les institutions internationales comprennent plus de 3000 biens et services.
On obtient ainsi un indicateur relativement concret, et une médaille d’or de plus pour la Chine en matière économique. Reste toutefois une catégorie dans laquelle Pékin devrait longtemps rester à la traîne : le PIB (PPA) par habitant. Dans ce classement, en 2013, son abondante population valait à la Chine d’occuper le 89e rang, entre les Maldives et la Jordanie.
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