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DANS L'ACTU :
Togo: disparition tragique du journaliste Atcha Tanko, des indices présentes la thèse d’un crime crapuleux
02 février 2018   -   Par Kouamivi Sossou
Le journaliste avec sa moto

Le journaliste avec sa moto

Journaliste (directeur de publication de  »Lettre de la Kozah ») et fonctionnaire de son état, Atcha Tanko, de retour de congés, a repris service le mardi 23 janvier 2018. Toute la journée, lui, chef personnel des agents de l’Agence nationale de la production audiovisuelle (ANPA), était à son poste, pétillant de forme. Taciturne qu’il est, il va passer le plus clair de son temps ce jour, fort étonnamment, à bavarder, à discuter de tout et de rien avec ses collègues de service, avec au menu des échanges, ses petits soucis familiaux. Comme à l’ordinaire, il se sépare de ses collègues le soir, à la fin de la journée de service. Mercredi matin, c’est-à-dire, juste le lendemain, ces derniers vont attendre en vain leur chef personnel, c’est plutôt la nouvelle de son décès qui atterrit, avec fracas. Telle une traînée de poudre, l’information envahit les réseaux sociaux, la presse togolaise est sous le choc. De confession musulmane, il sera enterré dans la foulée, dans l’après-midi du mercredi 24 janvier. Les premières informations font état d’un accident, avec sa moto, au niveau de l’échangeur d’Agoè. Non convaincus, nous avons décidé d’en savoir plus, par notre petite investigation. Cette démarche nous a permis de réunir moult indices dont la convergence attesterait la thèse d’un crime crapuleux.

Réalités des faits
Homme discret, Tanko n’est pas un grand viveur. Du service, directement il est allé à la maison ce 23 janvier. Un peu après 21h, son téléphone crépite, et l’arrache de son sommeil. Debout, il se précipite pour s’apprêter à sortir. Il laisse son véhicule et empoigne la moto « dubaï » de sa femme. Celle-ci va lui imposer le casque. Ce fut la dernière fois qu’elle voyait son mari, vivant. A peine une vingtaine de minutes après sa sortie, un numéro, identifié mais non connu, appelle cette dernière, et l’informe que son conjoint vient de faire un accident, et lui indique le lieu. Le corps de Tanko, inanimé, était retrouvé à une centaine de mètres de la décharge publique non loin de l’échangeur d’Agoe, dans les encablures du champ de tirs, précisément à côté du ponceau en face de la base de la société chinoise CRBC spécialisée dans les BTP. Soit à moins de 300 mètres de la route nationale N°1. Dans une tentative désespérée de le réanimer, il a été transporté à l’hôpital. Peine perdue.

Le corps et les indices
La moto utilisée ne présente aucune trace d’un engin accidenté, elle était retrouvée presque en l’état, ce qui prouve qu’il n’y a eu aucun choc, aucun impact. Le casque tout de même: les calottes interne et externe, et la jugulaire étaient intactes. Seulement, une tache de sang sur la visière (l’écran protecteur du visage). Sur sa tenue vestimentaire, aucune plissure, aucun froissement qui puisse faire penser à l’effet d’un impact ou d’une rixe avec autrui. Seules traces visibles sur le corps, une tache de sang au front et à la nuque, et c’est ce sang, dégoulinant, qui a taché la visière du casque. C’est dire que la victime n’a pas été retrouvée gisant dans un bain de sang. Nous avons soumis ces détails à un criminologue. Celui-ci, réquerrant anonymat, croit ferme que la thèse de l’accident doit être écartée. «Il est fort probable qu’il ait eu une balle dans la tête.», déclare-t-il d’entrée. Un témoignage d’un conducteur de taxi moto édifie un peu plus: « Ce soir nous l’avons vu. Il est venu garer sa moto au bord de la route. Il a attendu quelques minutes, on le vit porter son téléphone à l’oreille, et juste après, il reprend la direction de la maison. » Il tombera à moins de 300 mètres de là. Avec ce détail, notre expert se lance:  » Si je peux me permettre de faire un petit exercice imaginaire de la reconstitution des faits, la victime aurait été appelée à sortir par quelqu’un qu’il connaît très bien. Mais ils doivent être deux, au moins pour réussir si facilment ce coup. Et il est certain que la victime les connaît tous. Avec ceux-ci, elle était tout en confiance, et ne pouvait pas s’imaginer un seul instant qu’un mal pouvait lui arriver. Assurément, il a été rappelé, de revenir derrière. Ses « amis » seraient probablement en voiture, qu’ils auraient garée sur le côté droit de la voie, menant directement sur la nationale N° 1. Un positionnement qui faciliterait la fuite une fois le forfait commis. La victime, elle, en revenant, roulerait sur l’autre côté de la voie, qu’elle aurait quitté pour serrer à gauche, auprès de ses  »amis ». Une conversation s’engage, une personne se serait positionnée devant la victime, et l’autre, derrière. Bien avant, la victime aurait enlevé son casque. C’est l’individu de derrière qui aurait tiré, probablement. Parce que si celui de devant essaye de sortir sa flingue pour le pointer sur son front, quelle que soit la rapidité du geste, la victime aurait eu par réflexe de défense une réaction, et dans ce cas, une grosse bagarre aurait éclaté, on peut réussir finalement à l’abattre, mais pas à lui loger, proprement, une balle dans la tête. Après le forfait, les présumés assassins auraient renversé la moto, et lui auraient reporté le casque. » Pour ce criminologue, la victime doit détenir une information sensible, ou alors, aurait été témoin d’un fait grave. « Dans tous les cas, il s’agit d’information, et le but de son présumé assassinat est de lui imposer une omerta éternelle », assure-t-il.

Pourquoi il n’y a pas eu une grande perte de sang?

D’après un médecin légiste qui requiert anonymat également, l’hémorragie peut aussi être plus difficile à mettre en évidence en cas de saignement non extériorisé : on parle d’hémorragie interne, ce qui est le cas dans les hémorragies cérébrales ou méningées au niveau du cerveau. Avec une balle dans la tête, ce n’est pas toujours évident qu’il y ait un grand écoulement de sang, cela dépend de la trajectoire de progression de la balle à travers la tête et les organes touchés. Un point de vue confirmé par le Docteur Kodom de Aimes Afrique. A la question: « une balle dans la tête, le sang peut-il ne pas abondamment couler? », il répond, tout simplement: « OUI ». Nous avons interrogé deux riverains, du lieu où le corps a été retrouvé, ceux-ci n’ont pas entendu la moindre détonation cette nuit, ce qui laisse présager l’usage d’une arme silencieuse.

Des pistes …
On devrait commencer par identifier le dernier numéro qui l’a appelé, pour l’inviter à sortir. Hélas, d’après nos informations, aucune trace de ce numéro dans le téléphone. Chose bizarre quand même. Dans le cas d’un crime, on peut imaginer que ce sont les criminels qui auraient nettoyé les traces. Mais un gros indice demeure: le numéro qui a alerté sa femme; il cache une énigme. D’autant que la victime n’a pas enregistré le numéro de sa femme dans son portable. Par quelle alchimie, l’individu appelant peut-il contacter la femme directement, sans avoir essayé bien avant d’autres numéros du répertoire. Un très proche serait-il impliqué? Le flou devient total si l’on sait que la victime était sortie sans sa pièce d’identité, ce qui aurait pu convaincre que l’appelant a trouvé le numéro de personne à prévenir sur la carte d’identité. D’après nos informations, Atcha Tanko serait un membre de l’agence national des renseignements. Une autre piste?

Ouvrir une enquête

Il est nécessaire d’ouvrir une enquête pour mieux expliquer la disparition de ce journaliste. Le corps a été inhumé sans que la police n’ait fait le constat, sans qu’une autopsie ait été faite, mais il demeure des indices qui peuvent encore aider dans cette enquête. Depuis un certain moment, il n’ y a de jour que sur les réseaux sociaux ne fusent des messages de disparition de personnes. Par chance, certaines sont retrouvées, pour d’autres malheureusement aucune nouvelle ne s’en suit. Les autorités sécuritaires et judiciaires sont appelées à faire plus d’effort pour un meilleur renforcement de la protection civile. Il est quand même inadmissible qu’on vive dans une République où des citoyens, bras valides utiles au développement, disparaissent comme ça… dans des conditions inexplicables, sans que cela n’ébranle les autorités compétentes et ne suscite l’indignation des organisations de défense des droits de l’homme. Des événements pareils nourrissent la psychose dans la cité et si rien n’est fait, le mal va continuer de plus bel, exposant, sans rempart, nous tous, à tout danger, à tout moment, particulièrement nous hommes des médias. Que Justice soit faite pour Atcha Tanko!

SYMPHONIE, N° 111 DU 30 JANVIER 2018

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