Dans une poésie intitulée « le bout du tunnel », l’ancien premier ministre de la transition, Joseph Kokou Koffigoh demande à la classe politique togolaise de faire évoluer le débat sur les réformes. Car, dans la sous région ouest africaine, le Togo reste et demeure le seul pays où la Constitution ne limite pas le mandat présidentiel. Lire sa poésie:

Le bout du tunnel

Les peuples sont des gens si sereins et tranquilles
Qui ne font pas de bruit, si l’on ne touche pas
Aux intérêts vitaux, joyaux de leurs familles;
Dans le cas contraire, c’est bonjour les dégâts!

Ils vont se révolter, et parfois tout casser,
Tout briser, tout brûler. Ce genre de bataille
N’offre pas aux sages l’occasion de passer
Le moindre message pour stopper la pagaille.

Les plaies, le sang, les cris, les larmes et les pleurs,
L’éruption des passions et leurs coulées de lave,
Vont envahir les rues et engloutir les cœurs;
Tout ce qu’on a construit deviendra une épave.

Le fameux « vivre ensemble » érigé en slogan
Deviendra chimère, pour ne pas dire un leurre,
Sous les toits décoiffés après ces ouragans;
Les survivants diront leur adieu au bonheur.

Est-ce si compliqué à comprendre aujourd’hui,
Quant tout autour de nous, tous les peuples bougent
Pour aller de l’avant et sortir de la nuit,
Avant que tous les feux n’aillent virer au rouge?

Encor faut-il savoir comment négocier
Les nouveaux virages, sans casser la baraque;
Le débat est ancien mais revient au gosier
Des acteurs du présent que le passé rattrape.

C’est à eux de jouer pour sauver l’essentiel,
Sans pour autant casser la propriété commune
Léguée par les anciens, dont beaucoup sont au ciel,
À l’instar des martyrs noyés dans la lagune.

Disons qu’en aucun cas, nul ne doit accomplir
Plus de deux bêtises dans un même combat!
Que les erreurs passées les aident à sortir
Les réformes voulues même par les prélats.

Joseph Kokou Koffigoh
Poème inédit
Lomé le 4 octobre 2017