La littérature togolaise, malgré sa traversée du désert, fait des sauts qualitatifs. Ces dix dernières années ont permis de faire l’état des lieux et de grandes résolutions sont nées. Conséquences, de jeunes auteurs togolais pétris de talents soutenus par les bonnes volontés tracent enfin une voix à la littérature de la terre de nos aïeux. Votre site a rencontré l’un d’eux, pas les moindre. Le président de l’Association de la nouvelle génération d’écrivains africains, le (Cénacle), Kodjo Adzeoda Vondoly, comme c’est de lui qu’il s’agit, a répondu à nos questions. Sur l’état de la littérature au Togo, il a affirmé sans ambages que : « La littérature togolaise, à mon humble avis, se porte à merveille, et j’ai des raisons valables de le dire. Elle se porte bien plus qu’elle n’est plus au stade où elle était il y a une dizaine d’années ». Lire plutôt l’interview.
Une question un peu vaste, mais je vous la pose quand même. Comment se porte la littérature au Togo ?
La littérature togolaise, à mon humble avis, se porte à merveille, et j’ai des raisons valables de le dire. Elle se porte bien plus qu’elle n’est plus au stade où elle était il y a une dizaine d’années. Avant, l’on soutenait qu’il n’y a pas une littérature togolaise, et peut-être je peux donner raison à ces discoureurs. Mais aujourd’hui, la littérature a un nom, une étiquette, une image qui va au-delà des frontières togolaises et africaines. Ceci a été rendu possible grâce à l’effort et au travail ardu des acteurs, promoteurs et auteurs vivant aussi bien à l’étranger que sur le territoire national. Sans oublier que je ne suis pas hors de la barre de ceux que j’appelle acteurs, promoteurs et auteurs, car je suis fier de porter moi aussi ces trois casquettes en même temps depuis un moment.
10 ans en arrière et aujourd’hui, quel saut qualitatif le Togo a fait du côté de la publication des livres et de la mise sur pied des maisons d’édition ?
Aujourd’hui, je suis bien placé pour vous dire qu’au niveau du Togo, un éventuel saut qualitatif en matière de la production littéraire, reste un mythe. En ce sens qu’il faut de la hauteur pour reconnaître qu’au-delà d’une floraison "démesurée" (ce qui n’est pas encore mauvais) des œuvres et des auteurs, l’on peut reconnaître une qualité qui s’invite chez les auteurs. Il y a eu ces dernières années, une pléthore d’ouvrages d’auteurs de nationalité togolaise, mais en toute franchise, le constat en ce qui concerne la qualité du fond et de la forme desdits ouvrages, est tout aussi amer, qu’il a déjà fait et continue par faire l’objet de violents critiques voire d’invectives à l’égard de la plupart des auteurs, bien que cela devait être le contraire dans un pays qui tend à sortir de l’étape embryonnaire de son élan littéraire. Il y a eu un travail bâclé, et les raisons, qui sont multiples, vous pouvez facilement les connaître ! Au passage, il y a l’impatience des auteurs à se faire éditer ; l’autoédition qui consiste la plupart du temps à certains auteurs trop pressés, à publier leurs ouvrages par leurs propres moyens, sans l’implication d’un éditeur mais directement à l’imprimerie ; le manque de moyens pour former et payer des comités de lecture dans les maisons d’édition, etc. Quant à la mise sur pied des maisons d’édition, c’est une autre paire de manches. Les éditeurs voient le jour chaque année, mais le travail n’est pas le même lorsque l’on se rend dans les librairies.
En tant que président du CENACLE, qu’est-ce qui reste encore à faire, selon vous, pour propulser la littérature togolaise ?
Je vous réponds à cette question, pas seulement en tant que président du Cénacle, mais aussi et surtout en tant qu’éditeur et auteur. Pour propulser la littérature togolaise, il reste à faire un travail assez poussé aussi bien au niveau des éditeurs, des auteurs, des lecteurs, qu’au niveau des autorités en charge de la promotion de la culture. Il faut des moyens assez conséquents pour sortir définitivement la littérature togolaise de l’ornière, et ces moyens, à 90%, devraient venir de l’Etat togolais. Il y a déjà un fonds qui essaie de venir en aide aux auteurs et acteurs de la littérature, mais je vous dis que le travail est incomplet. Sous d’autres cieux, une partie de ce fonds sert à soutenir les éditeurs après étude du terrain du comité de pilotage. Alors qu’ici, on ne prend pas en compte directement les éditeurs, mais seulement les auteurs, ce qui me fait dire que nos amis du comité n’ont pas encore compris ce qu’il faut faire pour promouvoir notre littérature. Il vaut mieux mettre des fonds spéciaux annuels à la disposition des éditeurs pour produire des œuvres avec une obligation de résultats ou de rapports, au lieu de demander aux auteurs de postuler individuellement à ce fonds par des projets dont la plupart sont montés à la hâte. Alors que chez les éditeurs, il y a déjà des manuscrits à travailler ! Mais j’ai de l’espoir que l’on se comprendra avec le temps, pour le bien de la littérature togolaise. Je profite de cette occasion pour inviter le public à assister à la cérémonie de dédicace officielle de deux ouvrages à savoir "DES ESPOIRS ABANDONNES" et "SUR LES ROUTES SANGLANTE DE L’EXIL" tous du compatriote Moïse Olouwadara INANDJO, fonctionnaire au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés au Tchad, le vendredi 17 octobre 2014 à 17h00 dans la salle de conférence de la SAZOF à Lomé.
Comment va le CENACLE ? Des projets à l’horizon ?
A cette question, même ceux qui ne sont pas membres du Cénacle, peuvent très facilement vous répondre. (Sourires). Donc sachez bien que le Cénacle se porte bien, plus qu’il ne le faut. Cette association a compté ses six ans le 30 août passé, au cours d’un diner à la Résidence du Bénin à Lomé. Nous avons réussi à réveiller les Togolais et à les intéresser à la littérature. C’est un combat de longue haleine, mais je pense que nous gagnons peu à peu le pari. Des projets, nous en avons eus et nous en aurons toujours. Je peux vous parler de celui consistant à doter les établissements scolaires et certaines institutions de la république d’ouvrages de tous genres. Débuté en février 2013 avec le lycée de Tokoin où nous avons laissé 204 livres, cet ambitieux projet qui force l’amour du grand public pour la lecture, a permis au Cénacle de faire don aux Forces Armées Togolaises (FAT) le 12 septembre dernier avec 410 livres, et il se poursuit dans les mois à venir dans deux écoles à Assahoun et Kara. Nous avons également des projets de publication d’anthologies de poèmes depuis 2008 et avec l’aide de Dieu et de nos partenaires, nous y arriverons bientôt.
Un dernier mot à l’endroit des amoureux de la littérature
J’invite tous les Togolais, du Président de la République au dernier citoyen, à aimer la littérature qui libère et nourrit l’âme. A tous ceux qui aiment déjà la littérature et qui s’investissent pour produire des œuvres ou pour en avoir dans les librairies, je souhaite beaucoup de courage et surtout d’abnégation. J’invite également les promoteurs et acteurs de la littérature à faire preuve d’union, de compréhension, d’amour du prochain, d’entraide, afin de réussir les nobles missions qui sont les leurs. Nous demandons expressément au ministère des arts et de la culture de faire moins de "grincheux" avec le fonds d’aide à la culture (FAC) où l’on remarque un amateurisme caractériel et d’un népotisme notoire que moi je ne saurais jamais passer sous silence, pas pour le bien du Cénacle mais pour celui de tous les Togolais. Je remercie enfin la rédaction de Golfenews pour l’opportunité qui nous est offerte pour nous prononcer tant soit peu sur la littérature togolaise. Mes remerciements vont également à tous nos admirateurs et critiques, à nos partenaires et/ou sponsors, notamment l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Goethe-Institut, le Village du Bénin, la Bibliothèque Nationale, la Direction des Bibliothèques et de la Promotion Littéraire au ministère des arts et de la culture, à l’EAMAU, au Club BSL, etc.
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