Plusieurs journalistes nigériens sont arrêtés depuis le 23 janvier 2014 au Niger. La Fédération internationale des journalistes (Fij) condamne cette vague d’arrestation. Lire le communiqué rendu public le 28 janvier 2014.
La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a vigoureusement condamné aujourd’hui la vague d’arrestations de journalistes au Niger et demandé aux autorités d’arrêter les intimidations. Selon le Syndicat National des Agents de l’Information (SAINFO), un affilié de la FIJ, plusieurs journalistes ont été arrêtés depuis le 23 janvier dernier.
Le journaliste Soumana Idrissa Maiga, directeur de publication du quotidien privé l’Enquêteur a été arrêté et placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire le 23 janvier. Deux jours aprés, Abdoulaye Mamane, journaliste et animateur d’une émission appelée « Gaskia » diffusée le 16 janvier en langue nationale haoussa sur la Radio Télévision Bonferey (RTB) a été également interpellé et placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Niamey, la capitale, en compagnie d’un militant du parti Convention démocratique et sociale (CDS, opposition). Les journalistes Maiga et Mamane étaient poursuivis pour délits de presse, alors que l’opposant l’était pour offense au chef de l’Etat. Ils ont été libérés le lundi 27 janvier.
Le même jour le journaliste Ousmane Dambadji, directeur de publication du journal "L'Union", et l'animateur de Canal 3 Zakari Abdou ont été arrêtés en même temps qu’un acteur de la société civile. Selon le SAINFO, ils subissent actuellement un interrogatoire dans les locaux de la police judiciaire, et seraient accusés de délit de presse et de dénonciation calomnieuse.
« Cette vague d’arrestations de journalistes ne se justifie pas. Elle a déjà fini de donner au Niger l’image d’un pays qui recule en matière de promotion de la liberté de presse et de la liberté d’expression », a déclaré Gabriel Baglo, directeur Afrique de la FIJ. « Ces arrestations violent la Constitution du 25 novembre 2010 qui reconnaît à toute personne le droit à la liberté de pensée, d’opinion, d’expression et de manifestation, et de l’ordonnance n° 2010-35 du 4 juin 2010 portant régime de la liberté de presse au Niger. Cette ordonnance dépénalise le délit par voie de presse », a-t-il ajouté.
Tout en restant préoccupée par la dégradation de la liberté de presse et de la liberté d’expression, la FIJ rappelle qu’au Niger, en matière de délit de presse, la détention préventive est interdite. Le juge ne peut décerner ni un mandat de dépôt ni un mandat d'arrêt. La FIJ rappelle également au président du Niger que les intimidations de journalistes doivent immédiatement cesser d’autant qu’il avait solennellement pris l’engagement de ne mettre en prison, durant son mandat, aucun journaliste dans l’exercice de ses fonctions.
Par ailleurs, la FIJ a documenté l’année dernière plusieurs cas qui illustrent la dégradation de la situation sécuritaire des journalistes, avec des agressions répétées et systématiques lors des couvertures médiatiques de certains événements. La FIJ rappelle les événements survenus à Zinder, 900 km de Niamey, où trois journalistes avaient été violemment agressés par des éléments des forces de défense et de sécurité le 17 janvier 2013. Ces événements avaient suscité le 21 janvier de la même année une rencontre multipartite entre l’Observatoire National de la Communication, le ministère de l’Intérieur, le ministère de la Communication et les représentants des organisations socioprofessionnelles de la presse. Les différentes parties avaient déploré les actes de brutalité dont les journalistes ont été victimes. Les autorités avaient promis d’ouvrir une enquête pour situer les responsabilités, et encouragé la mise place d’un cadre de dialogue permanent entre journalistes et forces de défense et de sécurité afin de prévenir ces genres d’incidents.
La FIJ estime que si le Niger veut rester une référence démocratique, il ne doit pas se permettre un changement brusque et injustifié d’orientation simplement parce que des journalistes et des citoyens ont joui de leur droit constitutionnel à l’expression.
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