À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, célébrée le 1ᵉʳ décembre 2025, le Conseil national de lutte contre le Sida et les IST (CNLS-IST) a présenté à Lomé un bilan détaillé de la riposte nationale contre le VIH. En présence de représentants gouvernementaux et de partenaires internationaux tels que l’ONUSIDA et l’UNFPA, les autorités ont salué des avancées majeures, tout en réaffirmant la nécessité de maintenir une mobilisation constante.

Des résultats encourageants pour l’année 2024

Selon le rapport présenté, 594 329 personnes ont été dépistées au VIH en 2024 sur l’ensemble du territoire togolais. En parallèle, plus de 16 millions de préservatifs ont été distribués, confirmant l’importance accordée à la prévention.

La prévalence du VIH chez les adultes de 15 à 49 ans est estimée à 1,6%, avec une disparité notable entre les sexes : 2,2% chez les femmes contre 1,0% chez les hommes. Le Coordonnateur national du CNLS-IST, Pr Vincent Palokinam Pitche, a rappelé l’évolution positive du pays sur le long terme : « La prévalence qui était de 3,8% en 1999 est descendue à 1,7% en 2024. C’est une avancée majeure », a-t-il souligné.

Les indicateurs montrent également une baisse marquée des nouvelles infections et des décès liés au Sida. Entre 2010 et 2024, les nouvelles infections sont passées de 6 300 à 2 100, soit une réduction de 65%. Les décès ont également chuté de 68%, pour atteindre 1 800 cas en 2024. Chez les enfants de 0 à 14 ans, la diminution atteint même 69%.

La lutte contre la stigmatisation progresse également. Les cas signalés de discrimination envers les personnes vivant avec le VIH ont reculé, passant de 419 en 2021 à 229 en 2024, un indicateur salué par les partenaires techniques.

Un rapprochement des objectifs internationaux

Le Togo se rapproche des objectifs mondiaux dits des « trois 95 », qui visent à ce que 95% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, que 95% de celles-ci soient sous traitement et que 95% des patients sous traitement aient une charge virale supprimée.

Les performances nationales sont prometteuses :
• 92% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut ;
• 99% de celles ayant connaissance de leur statut sont sous antirétroviraux ;
• 92% des personnes sous ARV présentent une charge virale supprimée.

À la fin de 2024, 92 000 personnes étaient sous traitement antirétroviral, soit environ 9 patients sur 10.

Des défis encore présents

Les autorités reconnaissent cependant plusieurs défis majeurs. Le taux d’abandon de traitement, actuellement à 6,6%, reste au-dessus de la cible nationale fixée à moins de 5%. Le taux de décès des patients co-infectés tuberculose/VIH demeure également préoccupant, se stabilisant autour de 12%.

Le principal défi reste toutefois la prévention de la transmission mère-enfant (PTME). En 2024, 88% des femmes enceintes séropositives ont été dépistées et mises sous traitement. Toutefois, le taux de transmission du VIH aux nouveau-nés demeure élevé, atteignant 13%, loin de l’objectif national de 5%.

Un contexte mondial fragilisé

Le thème national de la Journée mondiale, « Mobilisons-nous pour la triple élimination VIH-Syphilis-Hépatite B chez l’enfant au Togo », s’inscrit dans un contexte mondial marqué par de nombreuses perturbations : pandémies, crises humanitaires, instabilités économiques et crise aiguë des financements internationaux.

Pr Pitche a mis en garde contre les risques d’un relâchement :
« La bataille contre le VIH n’est pas terminée. Chaque interruption de service ou chaque traitement non suivi peut inverser les progrès réalisés. »

L’engagement de l’État réaffirmé

Le Coordonnateur national a salué l’engagement constant des plus hautes autorités, notamment celui du Président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, président du CNLS, pour la mobilisation de ressources nationales et internationales en faveur de la riposte.

La stratégie nationale de lutte contre le VIH et le Sida, inscrite dans la vision 2030, ambitionne de faire du Togo « un pays à population sans Sida et en bonne santé, capable de contribuer efficacement au développement national ».