Deux questions étaient examinées par les experts de l'OMS lors de leur réunion au siège de l'organisation à Genève, ce mardi 12 août. Il s'agissait de déterminer s'il est éthique ou non d'utiliser des traitements non homologués contre le virus Ebola et si oui, dans quels cas administrer le traitement et à qui.
Pour le moment, il n'existe toujours aucun vaccin ou médicament certifié contre le virus. Par contre, plusieurs traitements sont en phase de test. Certains ont montré des résultats prometteurs en laboratoire, mais on ne peut pas garantir leur efficacité sur des humains ni connaître leurs éventuels effets secondaires qui pourraient être dangereux pour la santé. Néanmoins, devant les circonstances exceptionnelles de l'épidémie, la plus grave depuis la découverte du virus il y a 40 ans, les experts ont accepté l'utilisation de ces traitements non homologués.
Des conditions éthiques doivent être remplies
Il faut une transparence absolue concernant le type de traitement, la liberté de choix et la garantie de confidentialité pour le malade, et l'implication des communautés locales avant toute utilisation d'une thérapie. Les scientifiques devront recueillir toutes les données possibles : sur la durée du traitement, les doses administrées, le moment et les conditions où il est administré.
Toutes les conditions rigoureuses d'un essai clinique classique doivent être respectées. Le but est de pouvoir déterminer le plus rapidement possible si tel ou tel médicament est réellement efficace pour pouvoir améliorer la prescription et même éventuellement le diffuser plus largement. « Il ne s’agit pas de prendre n’importe quelle poudre de perlimpinpin sous prétexte que les taux de mortalité d’Ebola sont très élevés pour l’utiliser sur des patients », prévient ainsi Marie-Paule Kieny, sous-directrice générale à l'OMS. « Il s’agit de voir quels sont les produits qui ont fait leurs preuves au moins dans des modèles animaux pertinents, chez le singe en particulier, montrer qu’ils étaient capables de protéger ces animaux contre une infection et une maladie d’Ebola et quels sont les effets secondaires qu’on a pu observer dans ces modèles, pour essayer de déterminer si ce qu’on attend comme bénéfice est commensurable avec ce qu’on fait courir comme risque au patient », explique-t-elle.
Reste à savoir qui pourra bénéficier de ces traitements. Et pour l'instant, les experts en éthique de l'OMS apportent peu de précisions. Il reste en effet à déterminer quels malades doivent être traités en priorité et comment répartir équitablement les traitements entre les pays affectés. Car de très faible quantité de ces médicaments sont disponibles.
Dans le cas du fameux sérum expérimental qui aurait aidé à guérir deux soignants américains mais qui n'a pas sauvé le missionnaire espagnol, les Etats-Unis ont d'ores et déjà annoncé l'envoi de ce traitement au Liberia. Il est destiné aux médecins libériens actuellement infectés.
Décès du premier malade européen rappatrié du Liberia
Ce mardi matin, un premier malade est décédé sur le sol européen. Il s'agit du missionnaire espagnol qui avait été rapatrié du Liberia vers l'Espagne. C'est le quatrième membre du personnel de l'hôpital Saint-Joseph de Monrovia qui décède. L'hôpital a été fermé début août par les autorités libériennes.
Les personnels de santé restent en première ligne, sept médecins et un infirmier chinois ont été placés en quarantaine en Sierra Leone.
Au Liberia, particulièrement touché par l'épidémie, une troisième province affectée, la province de Lofa, frontalière avec la Guinée et la Sierra Leone, a été isolée le lundi 11 août. La maladie touche également le Nigeria où un nouveau cas a été détecté hier à Lagos.
La Guinée-Bissau a annoncé ce mardi soir la fermeture de ses frontières avec la Guinée. La Guinée est l'un des trois pays africains les plus durement touchés par l'épidémie du virus Ebola.
Source: rfi.fr